De la dette

Publié le par pegaze

La littérature financière nous enseigne que la dette est un instrument financier puissant dont les effets le sont tout autant : vertueuse lorsque le coût de l’endettement (c’est-à-dire le taux d’intérêt) est inférieur à la rentabilité du projet financé (dans ce cas, chaque euro emprunté contribue à l’enrichissement puisque chacun de ces euros investis dans le projet va non seulement permettre de payer les intérêts de la dette mais va également faire des petits), une dette mal gérée s’apparente à une planche savonnée : le moindre faux pas est sanctionné par une chute parfois douloureuse.

L’orthodoxie financière dont font preuves les entreprises vous paraît bien éloignée des préceptes qui guident votre engagement dans la simplicité volontaire ? Rien n’est moins sûr. Les entreprises sont des modèles de frugalité en matière de gestion de la dette. Voici quelques pistes à suivre : 

1) L’endettement est à proscrire, sauf s’il sert à financer des projets susceptibles d’engendrer un cercle vertueux
Pour un particulier, le seul projet qui vaille la peine d’être financé par endettement est l’achat d’une résidence principale. En effet, un tel achat permet de s’assurer un minimum de sécurité financière et évite de jeter de l’argent gagné à la sueur de son front par les fenêtres (mieux vaut rembourser tous les mois une certaine somme à la banque afin de devenir propriétaire de son logement au bout de x années, plutôt que de verser à un propriétaire cette même somme et de se retrouver aussi démuni qu’au départ au bout de ces x années).
Dans cette logique, les crédits à la consommation sont totalement exclus : ils servent à financer des biens de consommation qui n’apportent qu’une satisfaction éphémère, voire illusoire : le bonheur de posséder tel ou tel équipement dernier cri alors qu’on n’en a pas les moyens sera d’autant plus court que, passé l’euphorie des premiers jours, il faudra songer à rembourser la dette mais également les intérêts.

2) L’endettement doit s’effectuer au taux le plus bas :
Les banquiers se rémunèrent au risque : plus le risque est jugé élevé, plus le taux d’intérêt (qui représente le coût du crédit) appliqué sera élevé.
Voici une liste non exhaustive d’indicateurs de risques sur lesquels le banquier se base :
- un montant emprunté élevé (d’où l’intérêt de présenter un apport personnel le plus élevé possible) ;
- un travail instable et / ou mal rémunéré, un taux d’endettement élevé (il s’agit du rapport entre les mensualités à rembourser et les revenus mensuels de l’emprunteur);
- un emprunt contracté en vue de financer un projet que je qualifierais de non vertueux (les taux d’intérêt appliqués sur les emprunts immobiliers sont plus bas que ceux appliqués pour les crédits à la consommation) ;
- un emprunt sur longue durée (schématiquement, plus l’emprunt est contracté sur une longue période, plus les taux d’intérêt appliqués sont élevés. Note pour les puristes : pour la clarté du message, je fais volontairement abstraction des inversions de taux dans le temps). 

3)  Le taux d’endettement (rapport entre les mensualités à rembourser et les revenus mensuels de l’emprunteur) doit rester le plus bas possible :
Comme on vient de le voir un taux d’endettement bas permet de bénéficier d’un meilleur taux d’intérêt. C’est également, pour soi-même, un excellent moyen de conserver une certaine souplesse dans son budget. Mieux vaut en effet être excédentaire plutôt que l’inverse. Les banques fixent généralement à 30 % le taux d’endettement à ne pas dépasser. Il s’agit d’un maximum mais il est fortement recommandé, surtout pour les plus modestes d’entre nous de s’arrêter en deçà des 30 % : il est beaucoup plus difficile de rembourser 300 euros lorsque l’on gagne 1 000 euros par mois que de rembourser 900 euros par mois lorsqu’on en gagne 3 000.

4) La durée doit être la plus faible possible :
Comme on vient de le voir une durée faible permet de bénéficier d’un meilleur taux d’intérêt. Par ailleurs, plus la durée est élevée, plus la part de capital remboursée chaque mois est réduite. En contrepartie, la part des intérêts payés est élevée. Pour fixer les idées, à l’heure où la tendance est à l’allongement de la durée des crédits (20, 25 voire 30 ans), certains emprunteurs en viennent à payer leur logement 2 à 2,5 fois plus cher que ce qu’ils auraient payé s’ils avaient effectué un achat au comptant.

Pour résumer, je pense que la dette est un instrument financier qui a toute sa place dans une démarche de simplicité volontaire à condition de respecter les règles suivantes :
- L’endettement doit être réservé l’acquisition de sa résidence principale ; 
- S’endetter au meilleur taux (je recommande de consulter un courtier spécialiste du crédit immobilier qui saura vous proposer la meilleure offre) ;
- S’endetter sur la durée la plus faible possible (15 ans me paraît être la durée à ne pas dépasser : le poids des intérêts augmente de façon exponentielle avec la durée) ;
- Présenter au banquier un apport personnel maximum : le confort financier dégagé par le biais de votre choix de vie devrait vous faciliter la tache ;
- Le taux d’endettement (rapport entre les mensualités à rembourser et les revenus mensuels de l’emprunteur) doit être le plus bas possible afin de conserver une certaine flexibilité financière ;
- Exiger du banquier une exonération totale de pénalité en cas de remboursement anticipé partiel ou total de l’emprunt : la dette a un coût, mieux vaut donc la rembourser au plus vite (par le biais de remboursements anticipés multiples et décidés au coup par coup), sans pour autant menacer l’équilibre de son budget ou se créer un stress inutile (taux d’endettement volontairement bas).
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P
La simplcité volontaire au niveau individuel et la décroissance au niveau pluriel. Il faut travailler sur les 2 tableaux, autant au niveau personel qu'au niveau structurel (banques, société, légistlation - constitution Européenne, etc.)<br /> <br /> A propos de la dette, ceci devrait t'intéresser<br /> http://www.societal.org/bulletin/mai2007.html<br /> <br /> Sinon tu trouveras aussi des infos intéressantes sur www.gtmonnaie.be (groupe dont je fais partie) et sur les différents liens de mon blog www.ploutopia.over-blog.com (si tu pouvais en parler autour de toi, ce serait sympa, merci)<br /> <br /> Patrick
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P
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Intéressants tes liens sur la mécanique de la création monétaire.<br /> <br /> Cependant, ne penses-tu pas, dans cette logique, que l'idée de décroissance au niveau macroéconomique est une utopie dont la concrétisation aurait des conséquences dramatiques ? Comment, en<br /> effet, rembourser le principal et les intérêts de la dette (dette des particuliers, des entreprises, des Etats) en situation de décroissance ?<br /> <br /> C'est impossible. Que l'on s'en satisfasse ou qu'on le déplore, le système économique et financier a besoin de croissance pour honorer ses engagements vis à vis des créanciers. Et comme tu le<br /> sais, le non respect des engagements financiers à des conséquences fort désagréables pour l'emprunteur indélicat : saisies et expropriations.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Salut,<br /> <br /> Un blog sur la simplicité volontaire ! Serait tu interessé de rejoindre le reseau Freemen, ensemble de blogueurs motivés par la decroissance ?<br /> http://reseaucitoyenslibres.free.fr/spip.php?article9<br /> <br /> Et nous faisons aussi une communauté freemen sur over-blog :<br /> http://www.over-blog.com/com-1004787555/Freemen.html<br /> <br /> Sinon pour ton article, il faut savoir que le taux d'interet est en lui même une arnaque :<br /> http://deconstruire.babylone.over-blog.org/article-5754264.html<br /> <br /> Bonne continuation, <br /> <br /> Antoine
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